La thérapie de couple : parce que non, l’amour ne suffit pas.

Ah, la thérapie de couple. Ce truc que tout le monde connaît, mais dont personne ne veut parler au dîner de famille. Vous savez, cette fameuse solution de « dernier recours » qu’on envisage quand on a déjà un pied dehors ? Pour info : c’est exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire.

Pourquoi on en arrive là, et pourquoi c’est normal

Commençons par une vérité qui dérange : votre couple va mal parce que personne ne vous a jamais appris à être en couple. C’est pas dans le programme scolaire entre les équations du second degré et la reproduction des batraciens. On nous vend du Disney, des comédies romantiques où « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » (fin du film, générique, merci bonsoir), on vous vend sous couvert de romantisme la relation toxique comme le véritable amour, mais la vraie vie, elle, ressemble davantage à un escape game émotionnel sans mode d’emploi.

Les couples qui consultent attendent en moyenne 5 à 6 ans avant de franchir le pas. Six ans ! Imaginez laisser une fuite d’eau pendant six ans en vous disant « ça va se régler tout seul ». Idée reçue ! Ça ne se règle jamais tout seul. Plus vous attendez, plus les conflits s’enkystent, plus la détresse s’installe, et plus il est compliqué de dénouer les nœuds.

Pour qui ? probablement vous.

La thérapie de couple, c’est pas juste pour les couples au bord du divorce. C’est pour :

Les couples qui se disputent pour des broutilles : Si la façon dont votre conjoint respire ou laisse trainer ses chaussettes commence à vous agacer. Oui, c’est un signe.

Les couples qui ne se disputent jamais : Parce que l’absence de conflits, c’est souvent l’absence de communication. On évite, on accumule, et un jour : boom.

Les couples qui ont vécu un traumatisme : Infidélité, deuil, maladie, perte d’emploi. Les grandes épreuves fragilisent même les relations solides.

Les couples qui « s’aiment encore mais… » : Ce fameux « mais » qui pèse trois tonnes. « Je t’aime mais je ne te désire plus », « Je t’aime mais on ne se comprend plus », « Je t’aime mais j’ai envie d’ailleurs ».

Les couples qui veulent simplement mieux faire : Oui, on peut consulter AVANT que ça parte en vrille. Révolutionnaire, non ?

À quoi ça sert vraiment ?

Contrairement à ce que suggère votre beau-frère, votre meilleure amie, votre boulangère, qui « n’a jamais eu besoin de ça », la thérapie de couple n’est pas là pour :

  • Dire qui a raison ou tort (la thérapeute n’est pas un arbitre de foot)
  • Vous forcer à rester ensemble (parfois, se séparer est la meilleure solution)
  • Faire de la magie (désolée, pas de baguette magique)

En revanche, elle sert à :

1. Réapprendre à communiquer

Parce que « tu pourrais faire un effort » n’est pas de la communication, c’est de l’accusation déguisée. Le thérapeute vous aide à exprimer vos besoins sans démolir l’autre au passage.

2. Identifier les vrais problèmes

Les disputes sur « tu laisses traîner tes chaussettes » cachent souvent des blessures plus profondes : sentiment de ne pas être respecté, peur de l’abandon, besoin de reconnaissance. Le thérapeute vous aide à creuser sous le bruit pour trouver le vrai conflit.

3. Casser les cycles toxiques

Vous savez, cette dispute que vous avez eue 347 fois avec les mêmes arguments ? La thérapie vous aide à identifier ces patterns destructeurs et à en sortir. Plus les couples consultent rapidement après l’apparition des problèmes, plus il y a de chance que la thérapie soit efficace.

4. Reconstruire la confiance

Surtout après une infidélité ou une trahison. Même si les études démontrent que la thérapie conjugale est efficace dans le cas d’infidélité, il n’en demeure pas moins que plusieurs couples décident de mettre un terme à la relation. L’important, c’est d’avoir essayé.

Ça marche vraiment, ce truc ?

Parlons chiffres (parce que oui, on a des preuves) :

  • Trois couples sur quatre recourant à la thérapie admettent une amélioration de leur relation
  • La thérapie axée sur l’émotion aide 70% des couples
  • Les résultats obtenus démontrent que la thérapie de couple est efficace dans la diminution de la détresse conjugale et que ses effets semblent se maintenir dans le temps
  • Les personnes recourant à la thérapie de couple améliorent leur humeur, en outre les deux tiers d’entre elles connaissent également des améliorations au niveau de leur santé et de leur performance au travail

Vous avez bien lu : même votre boss pourrait apprécier que vous alliez en thérapie de couple.

Les mythes à dégommer d’urgence

Mythe n°1 : « Si on s’aime, on n’a pas besoin de thérapie »

L’amour ne suffit pas. Désolé de briser vos illusions Disney. L’amour, ça s’entretient, ça se travaille, ça demande des compétences qu’on n’a pas forcément. Imaginez construire une maison juste avec de « l’amour de la menuiserie » mais sans savoir tenir un marteau. Bonne chance.

Mythe n°2 : « La thérapie, c’est pour les couples qui vont divorcer »

À peine 10% des personnes divorcées ont déjà assisté à une thérapie de couple. Autrement dit, 90% des gens divorcent SANS avoir essayé. C’est un peu comme démissionner d’un job sans avoir demandé une augmentation.

Mythe n°3 : « La thérapeute va prendre parti »

Non. Une bonne thérapeute ne prend JAMAIS parti. Elle crée un espace neutre où chacun peut s’exprimer sans être jugé. C’est une médiatrice, pas une juge.

Mythe n°4 : « On doit tout partager pour être un couple heureux »

Faux. Chez les couples heureux, les deux partenaires n’éprouvent pas le besoin de partager systématiquement leurs activités. Avoir des activités séparées, c’est sain. « Ma moitié » est une expression qui remonte à la nuit des temps, mais vous êtes une personne entière. Votre conjoint aussi.

Mythe n°5 : « Si on va en thérapie, c’est un échec »

C’est l’inverse. Aller en thérapie, c’est reconnaître qu’il y a un problème et vouloir le résoudre. C’est un signe de courage, pas de faiblesse.

Concrètement, comment ça se passe ?

Première séance : c’est un peu comme un premier rendez-vous. Le thérapeute pose des questions, observe vos interactions, essaie de comprendre votre histoire. Il est primordial de clarifier le mandat de la thérapie : est-ce que le couple souhaite améliorer la relation, résoudre une ambivalence quant au désir de la poursuivre ou non, ou bien se séparer.

Oui, vous avez bien lu : parfois, le but de la thérapie, c’est de vous aider à vous séparer sereinement. Et c’est OK.

Ensuite, les séances s’enchaînent, généralement une fois par semaine ou toutes les deux semaines. Le thérapeute vous donne des outils, des exercices, vous aide à décortiquer vos patterns. C’est pas magique, c’est du boulot. Mais ça vaut le coup.

Les différentes approches

Il existe plusieurs types de thérapies de couple. Les plus courantes :

La thérapie comportementale : On apprend à changer les comportements qui posent problème. Genre, arrêter de lever les yeux au ciel quand votre conjoint parle.

La thérapie axée sur l’émotion (TCE) : La TCE est une approche structurée brève dont l’efficacité pour soutenir les couples en détresse est validée par de nombreuses études empiriques. On travaille sur les émotions sous-jacentes, les besoins d’attachement, la vulnérabilité.

La thérapie systémique : On regarde le couple comme un système, avec ses règles, ses patterns, son histoire familiale.

Mais le plus important, c’est de savoir que peu importe l’approche, l’essentiel c’est de trouver une thérapeute avec qui le courant passe. Les études montrent que la capacité du couple à s’unir avec l’intervenant afin de former une alliance basée sur la collaboration est un élément clé du succès thérapeutique.

Quand c’est trop tard (et c’est OK aussi)

Parfois, la thérapie révèle qu’il n’y a plus rien à sauver. Il arrive qu’un des deux partenaires arrive désengagé à la suite d’un problème ou une crise qui a provoqué une blessure quant au lien d’attachement. Et c’est aussi une forme de réussite : comprendre qu’on n’est plus aligné, qu’on ne veut plus la même chose, et se séparer de manière apaisée.

La thérapie n’est pas un pansement sur une jambe de bois. Si l’un des deux ne veut plus, ou si la toxicité est trop profonde, il vaut parfois mieux tourner la page. Et c’est OK.

Le mot de la fin

La thérapie de couple, c’est pas glamour. Ça demande du courage, de l’investissement, de l’humilité. Ça demande d’accepter qu’on ne sait pas tout, qu’on peut apprendre, qu’on peut changer.

Mais surtout, ça demande d’arrêter de croire qu’on peut tout gérer seul, que « l’amour triomphe de tout », et que consulter c’est admettre un échec.

Consulter, c’est choisir son couple. C’est décider qu’il vaut la peine d’essayer, de se battre, de comprendre. Et ça, c’est déjà une victoire.

Alors si vous hésitez, si vous vous dites « peut-être un jour », si vous attendez que ça aille mieux tout seul… Arrêtez d’attendre. Parce que le meilleur moment pour consulter, c’était il y a six mois. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.

Image de Agnès Favard
Agnès Favard

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