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  • Photo du rédacteuragnès FAVARD

Parentalité toxique: ce dragon aux mille visages



S’il est un sujet houleux et délicat à aborder tant il est chargé de tabou et de culpabilité, c’est bien celui de la parentalité toxique. Elle prend ses racines dans l’enfance de la personne qui en est victime. Vos parents usaient-ils de châtiments corporels pour vous inculquer la discipline? vous adressaient-t-ils des reproches ou des critiques incessantes? avaient-ils des comportements rabaissants ou humiliants à votre égard? souffraient-ils d’addiction, de troubles psychiques ou cognitifs? avez-vous du les prendre en charge avant l’âge adulte du fait de leurs problèmes? Est-ce que vos parents vous ont fait subir des abus de quelque nature que ce soit ?


Si la réponse est oui ne serait-ce qu’à une partie des réponses, vous cet article vous concerne.


Comment aller de l’avant et se départir des schémas toxiques qu’il y a dans sa famille ?


Qu’est-ce qu’un parent toxique, et quel est l’impact de la toxicité parentale sur l’individu ?



Le parent sème des graines émotionnelles dans le psychisme de l’enfant, et ces graines vont se développer tout au long de sa croissance. Un parent stable va avoir une éducation basée sur l’amour, le respect, l’indépendance, l’autonomie… on va parler d’amour inconditionnel. L’amour inconditionnel est, comme son nom l’indique celui qui n’est soumis à aucune exigence : je t’aime quoi que tu fasses ! je t’aime même quand je me fâche, même quand je te gronde, même quand je suis en colère contre toi, … quoi que tu fasses je t’aime. Un parent dysfonctionnel, instable émotionnellement ne va pas avoir la capacité de le faire. Pris dans ses propres difficultés, il va inculquer la soumission, l’assujettissement la culpabilité, la peur, l’humiliation, …


Ces notions, « inoculées » dès le plus jeune âge, vont s’ancrer fortement dans le psychisme de l’enfant, forger sa personnalité et être constitutives de l’adulte qu’il sera sur le plan émotionnel. Qu’elles soient positives ou négatives, elles vont impacter sa perception de lui-même, que ce soit sur le plan affectif, professionnel, amical ou amoureux.


Il ne s’agit pas ici de juger le parent. Nous sommes tous le fruit de notre histoire, avec ses failles, de ce qui nous a été transmis. Nous pouvons tous être amenés à avoir des mots ou des comportements toxiques. Cependant, le parent défaillant va utiliser un « modèle éducatif » toxique à part entière, de façon répétitive et aucune notion du modèle valorisant ne viendra contrebalancer.


Il va en résulter :

  • Altération de l’estime de soi

  • Manque de confiance

  • Risque de comportements autodestructeurs

  • Sentiment d’incapacité

  • Sentiment de culpabilité

  • Hyper vigilance quand au besoin des autres


Revenons sur ce dernier point. Dans le cas d’une éducation toxique, l’amour est conditionné à la satisfaction des besoins du parent, qui attend de l’enfant qu’il répare et comble ses propres failles, ses propres carences affectives.


L’enfant ayant besoin d’amour pour se construire, il va alors développer une capacité aigue à repérer quels sont ces besoins, et va tout mettre en œuvre pour les satisfaire. En grandissant, cette attitude va s’ancrer profondément, et s’élargir à toute personne avec qui il sera en contact, car dans son cerveau se sera ancré le mauvais message : « je ne vaux rien, je ne suis rien, je ne peux avoir d’intérêt pour l’autre que si je réponds à tous ses besoins ».


L’enfant va considérer qu’il a mérité les abus de ses parents car il n’a pas la capacité de remettre en cause leur intégrité, de considérer qu’ils sont défaillants.


Les types de personnalité de parents toxiques : qui sont-ils ?


Le parent tout puissant



Il va établir des règles, va juger du bien ou du mal fondé des actions. Il va falloir vivre en adéquation avec sa réalité. Imprévisible et irrationnel, il instaure un climat de crainte permanente.


Ce parent ne fait aucun travail de remise en question, et va tout faire pour conserver le contrôle sur son enfant, même adulte. Il ne supportera pas son désir d’émancipation. Toute idée d’une différence de point de vue que l’enfant va exprimer sera vécue comme une attaque. Il usera de violence verbale, psychologique et parfois physique pour arriver à ses fins.


Le parent déficient



Il s’agit du parent ayant un trouble psychique, psychiatrique ou cognitif. Il va répondre aux besoins de bases de l’enfant, à savoir ses besoins matériels, mais n’aura pas la capacité de le « nourrir » de façon sécure sur le plan affectif et émotionnel. L’enfant va devoir se construire ses propres ressources, et va au fil du temps devenir le parent du parent. Il va porter des responsabilités qui seront beaucoup trop lourdes pour et sera privé de son enfance. Adulte, il aura un sens excessif des responsabilités et le « syndrome de l’infirmière ». C’est un adulte qui aura de la difficulté à définir sa propre identité, ses propres besoins et ses propres limites parce qu’il aura l’habitude de s’incarner dans les yeux de l’autre.


Le parent dominateur



C’est une version « allégée » du parent tout puissant. Il domine et contrôle l’enfant, ne lui permettant pas d’accéder à l’autonomie, il le maintien dans une forme d’immaturité qui va le rendre définitivement dépendant de lui. Adulte, il aura toujours besoin de se référer à ses parents. Ces derniers vont continuer à envahir sa vie et à le manipuler de peur de ne plus avoir la main sur lui. Le parent va tout faire pour maintenir son enfant sous sa coupe. Il utilisera différents moyens comme le chantage affectif et la culpabilisation par exemple. Le point de vue de l’enfant n’a aucune valeur pour le parent dominateur et dès lors que ce dernier sera en couple, le parent considèrera le conjoint comme un rival qu’il n’aura de cesse de dénigrer.


Le parent sous l'emprise de l'addiction



Là on est dans le domaine du secret familial, le but étant de sauver les apparences. L’autre parent va dissimuler, mentir, minimiser, mettre en place des stratégies d’évitement, parfois même inclure l’enfant dans ses stratégies, lui faisant tenir un rôle de complice. On va jouer la comédie pour maintenir l’illusion d’une famille équilibrée et harmonieuse, alors que dès que la porte se ferme c’est comme au théâtre quand le rideau tombe, et que c’est là que le drame se noue. Ce type de comportement va créer un trauma chez l’enfant qui va toujours persister à l’âge adulte. L’autre parent va être lui-même dans de telles stratégies de survie, va mettre tellement d’énergie à maintenir les apparences qu’il ne saura pas être attentif aux émotions de l’enfant. Il n’aura pas de temps pour ça. Le sentiment de crainte permanent va impacter fortement le psychisme de l’enfant et développer chez lui un état d’hyper vigilance pour repérer les émotions du parent liées à la consommation d’alcool ou de substances. Il va donc tout faire pour les anticiper. A nouveau il va prendre un rôle de parent en prenant en charge le déséquilibre émotionnel de son parent. Son enfance lui est là encore volée. Devenu adulte, il aura un sentiment d’insécurité qui se réactivera au moindre déclencheur (détail minime qui réactive le souvenir à la mémoire, comme un mot, un son, un lieu, une odeur…)


Le parent rival



C’est un profil de parent qui se révèle souvent au moment de l’adolescence de l’enfant. Ce dernier va se transformer petit à petit, tant sur le plan physique qu’intellectuel. Sa propre personnalité va commencer à se révéler et le parent va commencer à craindre que son enfant le surpasse et qu’il ne parvienne plus à le dominer (que ce ne soit plus lui le mâle ou la femelle Alpha en quelque sorte). Cette évolution de l’enfant va renvoyer le parent à la réalité de la vie qui s’écoule, au fait qu’il vieilli, qu’il perd potentiellement de ce qui fait son pouvoir d’attraction. Il va donc dénigrer l’enfant, se mettre en compétition de façon déloyale ou inégale, tout mettre en œuvre pour que son enfant perde face à lui, ce qui va fortement impacter la confiance que l’enfant aura en lui, et fera germer en lui l’idée qu’il ne sera jamais capable de faire « aussi bien que… » Ces quelques profils types peuvent se « mixer » et un parent peut tour à tour être rival, tout puissant, dominateur, ça n’est pas figé. Au rang des comportements dysfonctionnels des parents toxiques, il y a les sévices corporels, qui peuvent aller de châtiments physiques plus ou moins violent à des abus sexuels. Dans le cas des châtiments corporels, le parent va faire ce qu’on appelle du « déplacement ». Il va reporter sur l’enfant une frustration, ou une colère générée par une situation à laquelle l’enfant est tout à fait étranger.


Exemple type : Une brimade ou altercation avec un supérieur, le parent n’ose pas s’opposer, et rentre à la maison pétri de frustration. C’est alors l’enfant qui en fera les frais à la moindre occasion : trop de bruit, un verre renversé, une mauvaise note… c’est sur lui qu’il déchargera sa colère car il sait que l’enfant n’opposera que peu de résistance. Et il justifiera son geste en le qualifiant d’attitude éducative (je le corrige). Concernant les sévices sexuels, sous sommes là face à une défaillance d’une extrême gravité qui va bien au-delà de la toxicité parentale.


Comment se libérer de la toxicité parentale ?



Tout d’abord en en prenant conscience. C’est déjà un très grand pas qui demande de surpasser son sentiment de culpabilité pour oser porter un jugement sur ses parents. Il est primordial de se déculpabiliser. Vous n’êtes pas responsable de la toxicité de vos parents. Vous en êtes la victime. En revanche vous êtes responsable de votre positionnement face à vos parents en tant qu’adulte et des choix que vous allez faire en conséquence. C’est un cheminement qui est difficile, il va falloir déconstruire l’image idéalisée de vos parents. C’est un travail de deuil à réaliser. Ne mettez pas en place ce processus seul.e mais avec un professionnel de l’accompagnement psychothérapeutique car vous allez remuer des souvenirs douloureux. Ce travail vous permettra de comprendre les failles de votre histoire familiale et les schémas inadaptés qui y ont été perpétrés. C’est ce qui va vous permettre de devenir un adulte équilibré et de pouvoir vous détacher de ces schémas là. Vous pourrez alors replacer vos parents comme des individus dans leur histoire familiale.


Vos parents sont des individus parmi tant d’autres. Il ne s’agit pas de les excuser ni de justifier leur attitude à leur égard. Même s’ils ont pensé agir pour votre bien, la fin ne justifie pas les moyens.


Vous êtes LA VICTIME, c’est incontestable ! Mais comprendre ce mécanisme fait partie du parcours de guérison.


Ce processus de repérage et de déconstruction des dynamiques de pouvoir au sein de votre famille permettra d’entrevoir de nouvelles perspectives qui vont vous permettre d’avancer.


Admettre que dans une famille saine et équilibrée les limites de chacun sont respectées, et que dans les familles toxiques ce n’est pas le cas, qu’on y décourage l’expression individuelle, qu’on y subit de l’oppression, de la culpabilisation, de la violence, et que ce n’est pas normal, c’est aussi un pas vers votre émancipation.


L’adulte n’a pas de devoir d’obéissance envers ses parents. Ça ne signifie pas qu’il n’est pas reconnaissant pour ce qu’ils ont fait pour lui, ça n’a même rien à voir. Ça signifie qu’il n’est plus un enfant, qu’il est capable de faire la part des choses et de décréter ses propres règles tant pour lui-même que pour ses enfants s’il en a.


Autre point, le parent toxique va mettre en place une relation fusionnelle avec son enfant. Fusion toxique certes, mais fusion malgré tout. Il est donc primordial de mettre de la distance afin de sortir de cette relation d’emprise.


Mais la distance physique seule ne suffit pas. Il faut se détacher de ce besoin d’approbation de la part de ses parents, avoir son propre modèle, ses propres pensées et se détacher des diktats et injonctions parentales. Il faut poser des limites.


Mettez vous au centre de vos préoccupations et rendez-vous visible, en pleine lumière.



Vous pouvez tout à fait dire à vos parents que vous ne les jugez pas, que vous reconnaissez les difficultés qu’ils ont traversé, et qui possiblement eu un impact émotionnel très fort, MAIS… que ça ne justifie en rien leur attitude, et vous devez leur signifier de façon claire et très ferme que vous n’accepterez plus leur comportement à votre égard.


Ce n’est pas parce que vos parents ont vécu certaines difficultés que ce qu’ils vous ont fait vivre n’a pas existé, n’a pas d’importance.


Le parent toxique va certainement avoir beaucoup de mal à admettre votre changement de posture, et va résister par tous les moyens dont il dispose (chantage affectif, culpabilisation…)


Dites-vous bien que vous n’êtes pas plus responsable de l’équilibre émotionnel de vos parents que de celui de quelque adulte que ce soit, ni en bien, ni en mal. Vous n’avez pas ce pouvoir.


Cette question émotionnelle soulève la grande question de la responsabilité. Le parent toxique se déresponsabilise de son autonomie affective au détriment de son enfant.


En choisissant de prendre la responsabilité de votre équilibre émotionnel, en privilégiant le bien-être de l’individu que vous êtes avant celui de votre entourage et en vous remettant au centre de vos priorités, vous allez petit à petit développer votre autonomie affective. Et vous le faites non seulement pour vous, mais pour rompre le cercle infernal, pour briser cette chaine de transmission. Grace à ce travail d’émancipation, vous descendants seront affranchis de cet héritage.

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